jeudi 13 mai 2010

Cueillette Arnica

Dans un contexte de demande croissante, la conservation de cette plante fait l'objet d'une convention entre les cueilleurs vosgiens et le laboratoire Weleda.

La cueillette débute en général à 4 heures et demie du matin. Elle s'étale sur une période de deux à trois semaines. On détache les plus beaux capitules de leur tige et récolte aussi des plantes entières en ne prélevant qu'une toute petite partie de la racine. Quelques règles simples à respecter : pas plus de deux fleurs au mètre carré et une plante sur trois. «On se dépêche, mais c'est toujours beaucoup d'émotion quand on lève la tête et qu'on voit le soleil se lever sur nos mamelons vosgiens et les Alpes suisses», confie René Pierrot. Le reste de l'année, il cultive des plantes médicinales à Gérardmer (Vosges) avec un associé.

Récolte très matinale
Pour préserver les ressources, Weleda s'est associé avec le groupe d'une quinzaine de cueilleurs qui a signé une convention avec l'Association vosgienne d'économie montagnarde. Weleda leur finance le permis de cueillette délivré par les trois communes propriétaires des pâtures du Markstein (100 € par an) : Fellering, Ranspach et Oderen. Ils s'engagent en retour à assurer la conservation de la plante.

Après un tri rapide, les fleurs sont mises à macérer. Elles sont ensuite broyées, pressées, décantées et filtrées afin d'obtenir un produit brut qui sert à la fabrication de médicaments ou d'huile de massage.

Depuis l'Antiquité, l'arnica est réputée pour ses vertus contre les contusions, la fatigue et les douleurs musculaires. Plusieurs fédérations sportives utilisent l'huile Weleda pour leurs athlètes en phase de récupération. La demande est en continuelle progression et la production vosgienne ne suffit plus pour répondre à la demande. La culture de l'arnica selon les préceptes de la biodynamie (une forme d'agriculture biologique très élaborée) est actuellement tentée en Allemagne, mais l'opération est difficile car la plante veut un sol acide, pauvre et un climat bien particulier. Récemment, Weleda a aussi lancé la cueillette en Roumanie, en coopération avec WWF.

En plus de la pression de cueillette exercée par la demande des huit laboratoires qui s'approvisionnent sur le massif vosgien, l'arnica est aussi victime des engrais que les éleveurs mettent sur les hautes pâtures pour avoir plus d'herbe. En effet, au bout de deux ou trois ans, l'arnica est étouffée et disparaît. Les pistes de ski réduisent aussi le territoire de l'arnica. Mais c'est sans doute le changement climatique qui fait planer le plus d'incertitudes.

Fondés en 1921 en Suisse, les laboratoires Weleda ont une éthique écologique qui ne date pas d'aujourd'hui. Elle s'inspire des travaux de Rudolf Steiner (1861-1925), fondateur de l'anthroposophie. Une biographie vient de lui être consacrée ("Rudolf Steiner, une biographie", de Gary Lachman, Actes Sud). Loin de toute hagiographie, elle retrace l'itinéraire de ce penseur très original. Les sceptiques ou les simples curieux y trouveront une mine d'informations.

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